La justice américaine s'invite dans la bataille qui oppose, chaque année, dans l'Antarctique, les bateaux de l'ONG écologiste Sea Shepherd et les navires baleiniers japonais. Mardi 18 décembre, une cour d'appel fédérale des Etats-Unis, saisie par l'Institut japonais de recherche sur les cétacés et plusieurs entreprises de pêche nippones, a formellement interdit à Sea Shepherd "d'attaquer physiquement tout navire dirigé par les plaignants".
La cour a aussi interdit à l'association, basée aux Etats-Unis, de "naviguer d'une manière qui puisse mettre en danger la navigation en toute sécurité d'un tel navire". "En aucune circonstance, les accusés ne doivent s'approcher à moins de 500 mètres des plaignants quand ils naviguent en pleine mer", indique l'injonction des juges.
"NOS BATEAUX ET NOS VIES"
Sea Shepherd a répondu, dans la nuit de mardi à mercredi, qu'elle n'avait pas l'intention de se conformer à cette interdiction et qu'elle continuerait à harceler les baleiniers japonais dans l'Antarctique pour protéger les baleines.
Voir la vidéo que je trouve très ironique en passant... : Sea Shepherd dévoile son nouveau bateau anti-baleinier
Lorsque les pêcheurs nippons arriveront sur place, "ils verront que nous sommes toujours là pour garder le sanctaire des baleines dans les mers du Sud, avec nos bateaux et nos vies", a souligné l'ONG. Sea Shepherd a engagé au mois de novembre sa 9e campagne, la plus ambitieuse de son histoire. Quatre navires –dont le Brigitte-Bardot et le Steve-Irwin– un hélicoptère, trois drones et une centaine de personnes sont engagés.
A leur tête se trouve la figure de proue de l'association, le "pirate écolo" Paul Watson, recherché par Interpol. Accusé d'avoir mis en danger un équipage au Costa Rica lors d'une opération contre la chasse aux requins en 2002, Paul Watson, 61 ans, avait été arrêté à l'aéroport de Francfort le 13 mai. Il s'était enfui en dépit d'une assignation à résidence.
Lire : Paul Watson lance un nouveau défi aux baleiniers japonais
M. Watson a expliqué avoir mis quatre mois pour rejoindre le Steve-Irwin en Australie, en traversant "deux océans et un nombre incalculable de rivières, franchissant trois chaînes de montagne, un désert, des lacs et des dizaines de villes".
"LE SABOTAGE PAR LA VIOLENCE"
Les autorités et baleiniers nippons ont salué la décision judiciaire américaine. "Nous espérons que cette injonction permettra à la mission de pêche baleinière et de recherche dans l'Antarctique de se dérouler de façon sereine et en toute sécurité", a expliqué à l'AFP Shigehito Numata, un responsable de l'Agence des pêches du Japon, estimant que "Sea Shepherd pratique le sabotage par la violence en mettant en danger la vie de l'équipage et les biens de la flotte de recherche".
Le Japon pêche des baleines en vertu d'une tolérance de la Commission baleinière internationale pour la chasse à des fins de recherche, bien que la chair des animaux finisse sur les étals nippon. Or l'organisme international proscrit toute pêche commerciale. La confrontation entre les baleiniers nippons et les défenseurs des cétacés s'est ainsi intensifiée ces dernières années, et la flotte japonaise est souvent revenue au port avec des prises moins élevées qu'espérées à cause du harcèlement qu'elle subit.
Sea Shepherd a minimisé la portée du jugement américain, "rendu par un tribunal américain contre des navires néerlandais et australiens qui transportent des équipages internationaux et opèrent dans des eaux internationales depuis l'Australie et la Nouvelle-Zélande". L'avocat de Sea Shepherd, Charles Moure, a d'ailleurs assuré mardi soir avoir "l'intention de combattre" cette injonction.
